Panorama des filières du supérieur

Cet article n’a pas pour vocation de détailler l’architecture complète du supérieur et encore moins de décrire les contenus et objectifs métiers des filières du supérieur. On consultera pour cela le site remarquable de l’ONISEP. Nous donnons simplement les éléments que nous jugeons utiles lors de l’étude des formations dans un processus d’orientation postbac : i) les places offertes, ii) le statut, iii) la durée d’études, iv) les niveaux RNCP/diplômes/grades obtenus, les publics accueillis selon v) leur parcours scolaire et vi) leur niveau académique.

Les places offertes

L’architecture de l’enseignement supérieur français est complexe. À Supeasy nous répartissons et agrégeons les données des formations postbac présentes sur Parcoursup dans plus de 600 filières distinctes ! Des classes préparatoires MPSI au BUT Informatique, en passant par les licences de droit, les BTS Métiers de la mesure, les écoles du groupe INSA pour les bacheliers généraux, les Diplômes d’état Infirmiers (dans les IFSI), les DNMADE Espace jusqu’à l’école du Louvre, le choix est immense pour les bacheliers.

Nous donnons dans la figure ci-dessous le nombre des admis sur Parcoursup hors apprentissage selon la répartition adoptée par le ministère.

Sans surprise, les presque 3000 Licences (simples donc non sélectives ou en double licences donc sélectives) accueillent le plus d’étudiants, presque 270 000. Elles sont suivies par les BTS (plus de 5000 formations de proximité sur tout le territoire et 115 000 admis) et les BUT (plus de 800 formations bien régionalisées et 55 000 admis). Les classes préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE Scientifiques, Littéraires et Économiques) avec presque 1000 formations et 41 000 admis sont au pied du podium.

Le ministère classe dans « Autre Formation » plus de 1700 formations pourtant très différentes dont :

  • les Diplômes d’État du secteur sanitaire (comme l’orthophonie, les audioprothésistes, etc. soit plus de 160 formations et plus de 6000 admis),
  • les Diplômes National des Métiers d’Art et du Design (DNMADE, plus de 300 formations et plus de 4000 admis),
  • les Diplômes de Comptabilité et de Gestion (DCG, plus de 90 formations et plus de 3000 admis)
  • les Sciences Po (IEP, une trentaine de formation pour presque 3000 admis)
  • les CMI, CUPGE, CPES, écoles vétérinaires, écoles hôtelières d’art et d’architecture, etc.

Le statut des formations

Ces formations sont publiques à plus de 56% ou privées pour 44%. Les établissements privés se distinguent en trois sous catégories : privé du supérieur (26% sont des licences, 26% des écoles d’ingénieurs et 17% des écoles de commerce), privé sous contrat avec l’état (pour 75% d’entre elles ce sont des BTS), privé hors contrat (pour environ 85% d’entre elles ce sont des BTS).

Les frais de scolarité annuels varient considérablement selon le statut de l’établissement et la filière. Il est donc essentiel de vérifier ces frais avant de s’inscrire. On distingue trois catégories de formation.

  • Celles qui assurent une totale gratuité des frais de scolarité dans certaines formations publiques dont les DNMADE, les BTS et les CPGE.
  • Celles « quasi gratuites » avec par exemple 170€ en BUT ou dans les Licences publiques, 601€ en écoles d’ingénieurs publiques, etc.
  • Enfin celles qui réclament plusieurs milliers d’euros annuellement avec parfois des sommes dépassant les 10 000€ pour certaines formations privées (par exemple pour certains bachelors d’écoles de commerce ou d’ingénieurs).

L’apprentissage permet cependant, dans certains cas, de s’affranchir des frais de scolarité pendant tout ou partie de la scolarité. Mais cette possibilité est essentiellement offerte dans les formations de type BTS qui constituent, à elles seules, 82% des formations proposées en apprentissage.

La durée des études

Ces formations se font sur des durées très variables :

  • une année (mentions complémentaires)
  • deux ans (BTS, CPGE, etc.)
  • trois ans (BUT, Licences, DNMADE, DCG, IFSI, etc.)
  • quatre ans (BBA d’écoles de commerce)
  • cinq ans pour les programmes grandes écoles des écoles d’ingénieurs et de commerce, les IEP, les écoles d’architecture, certaines formations de santé, etc.
  • 6 ans ou plus pour les écoles vétérinaires et certaines études de santé.

Certaines formations courtes sont professionnalisantes et permettent de s’insérer directement sur le marché du travail (BUT, BTS, Bachelors, DCG, IFSI, etc.). D’autres sont généraliste et/ou théoriques (CPGE, Licences, etc.). Pour ces dernières, il est impératif de poursuivre ses études dans des cursus professionnalisant généralement jusqu’à bac+5 pour être employable : vers un Master pour les licences, les écoles d’ingénieurs et de commerce pour les CPGE, etc.

Notez cependant que les formations courtes et professionnalisantes ne brident pas les ambitions des talents motivés : il est possible de poursuivre ses études après un BTS ou un BUT. Nombreux sont les diplômés à le faire (presque la moitié des diplômés). L’enseignement supérieur est un vrai gruyère, il est possible de passer par de multiples chemins pour atteindre un grade universitaire ou certains métiers : la seconde chance est très souvent possible.

Le niveau et type de diplôme

Non seulement elles sont différentes en durée mais elles ne délivrent pas les mêmes diplômes et grades universitaires. Dans ce domaine c’est la jungle de sigles et des sous-entendus pour les familles. La plus grande méfiance s’impose.

Le schéma européen d’études LMD pose 3 grades : Licence (L, bac+3), Master (M, bac+5), Doctorat (D, bac+8). Un premier gage de qualité pour un diplôme est de délivrer un diplôme relevant d’un de ces 3 grades. Son obtention permet la poursuite d’études (après sélection) dans le grade supérieur. C’est le cas pour les licences qui confèrent le grade L, les BUT (grade L), les programmes grande école (PGE) des écoles d’ingénieurs et de commerce (grade M), etc.

Le second gage de qualité est la délivrance d’un diplôme national (donc reconnu par l’état et contrôlé). Ils sont nombreux : BTS, BUT, DNMADE, Diplômes d’état de la santé et du social, DCG, diplôme d’ingénieur CTI, etc.

Pour les formations délivrant un diplôme national, surtout dans une formation publique ou sous contrat avec l’état, le risque de tomber sur une formation peu sérieuse est très faible. Le risque grandit lorsque l’on rencontre des formations qui ne peuvent se targuer que d‘un simple niveau RNCP : une inscription au répertoire national des certifications professionnelles qui recense la liste de tous les diplômes et titres à vocation professionnelle. Il n’est alors obtenu en fin de formation aucun grade, ni diplôme national mais un diplôme « maison » qui n’a de valeur professionnelle pour les employeurs que le sérieux et la notoriété de la formation qui le délivre. Plus encore, l’absence de grade est de nature à interdire une poursuite d’études à l’université. Dans le pire des cas, on peut ainsi passer 3 à 5 années dans une formation labellisée RNCP niveau 6 (bac+3) ou 7 (bac+5) et se faire interdire un accès en Master d’université faute du fameux grade L ou d’un diplôme national « reconnu ».

Les parcours scolaires des admis par filière

Enfin ces formations n’accueillent pas toutes les mêmes publics. Certaines ne recrutent que certains bacheliers et interdisent l’accès aux autres : des bacheliers généraux sont les seuls à intégrer certaines classes préparatoires ou écoles d’ingénieurs, les bacheliers technologiques ont des classes préparatoires ECT ou TSI qui leur sont réservées. Pire, elles peuvent parfois réduire plus encore leur recrutement à certaines spécialités du baccalauréat (par exemple exiger la spécialité Mathématiques pour les bacheliers généraux) ou valoriser certaines séries particulières pour les bacheliers technologiques (STMG, STI2D, etc.).

D’autres formations sont en en théorie « ouvertes à tous » les bacheliers mais elles appliquent des « bonus » dans leurs algorithmes de sélection qui rendent leur accès difficile à certains profils jugés moins adaptés pour réussir (licences d’université).

La figure ci-dessous donne la part des admis néo-bacheliers généraux, technologiques et professionnels et des étudiants en réorientation dans quelques filières. On remarque que certaines filières sont bien plus accueillantes que d’autres pour les bacheliers technologiques et professionnels (en particulier du fait de quotas en BUT et BTS qui les valorisent à l’admission pour ces deux populations).

Le niveau académique des admis

Si le parcours scolaire est un facteur fort de sélection, d’autres critères peuvent dominer. La figure ci-dessous place en axe des abscisses le taux d’accès de certaines filières (chaque filière est un point, par exemple MPSI, BL ou IEP Paris) et en ordonnée la médiane au baccalauréat des admis dans la filière.

Le niveau académique joue un rôle essentiel dans les écoles d’ingénieurs, les CPGE, les IEP, les écoles vétérinaires, les meilleures doubles licences ou licences de droit sous grande tension, les PASS, etc. Pour intégrer ces filières et en particulier certains établissements d’excellence (IEP, grandes CPGE Parisiennes ou de province, INSA, UTC, écoles vétérinaires, etc.) il faut d’excellentes notes (et plus encore !). La mention très bien, les premières places en classe dans certaines matières, sont alors un minimum pour espérer une admission. La sélection est surtout « le fait des notes » dans les filières du quadrant gauche et haut de la figure ci-dessous (forte sélection et moyenne élevée).

A l’inverse, que l’on se rassure, d’autres filières peuvent sélectionner durement mais pas sur les notes : quadrant en bas à gauche avec une forte sélection mais des notes pour les admis très moyennes entre 12 et 13. La pratique et l’encadrement du sport (en STAPS et plus généralement dans les filières en vert du sport), l’engagement citoyen, les stages et la motivation (IFSI et plus généralement certaines formations du sanitaire et du social) peuvent peser plus encore que les notes dans l’algorithme de sélection.

Il existe également des filières qui semblent peu sélectionner (taux d’accès supérieur à 50%) mais qui pourtant ont des admis avec de très bonnes notes (quadrant haut à droite avec des moyennes supérieures à 16 pour une majorité de leurs admis) : ce sont beaucoup les CPGE surtout BL et Lettres, etc. On observe ici un phénomène d’auto-censure. Seuls les bons élèves candidates, une sélection relativement faible sur les notes suffit donc à faire émerger de très bons candidats.